Rappel : conférence du Cercle d’Histoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes, le samedi 9 décembre au musée de Terra Amata, 25 bd Carnot, Nice, à 14h30
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Étangs, bassins, viviers et pisciculture alimentaire
La Prospection archéologique de Castellet-Saint-Cassien
Conférence par :
Jean-Loup FONTANA
(Conservateur du Patrimoine. responsable scientifique de la fouille du bassin-vivier de Castellet-Saint-Cassien)
L’évolution moderne des prescriptions religieuses, en particulier depuis le concile de Vatican II (1962-1965) pour l’église catholique, a conduit à réviser certaines pratiques auparavant considérées comme de strictes obligations. Tel a été le cas des régimes alimentaires maigres (excluant la consommation de viandes, graisses et laitages d’origine animale) imposés depuis le Moyen Âge pour un certain nombre de jours (le vendredi) et pendant certaines périodes (le Carême). Ne découlant d’aucune prescription évangélique, cette habitude a été contestée dès les origines de la Réforme jusqu’à être, en définitive, à peu près abandonnée aujourd’hui.
Or, selon les périodes, les lieux et l’observation plus ou moins stricte des rites, l’alimentation maigre s’imposait sur plus de la moitié de l’année (entre 200 et 250 jours). Si, en règle générale, cela ne concernait guère le menu peuple, se nourrissant principalement de légumineuses, les classes plus aisées se tournaient vers les produits aquatiques (poissons, crustacés, coquillages). On considérait que ces organismes dépourvus de sang chaud et mourant s’ils étaient extraits de leur élément pour être exposés à l’air, n’appartenaient pas au monde animal, ce qui en autorisait la consommation.
Perpétuant des savoir-faire remontant à l’Antiquité les résidences seigneuriales se dotaient de bassin de stockage de poissons prélevés en milieu naturel, ainsi rendus plus facilement accessibles pour une consommation quotidienne. Simultanément les grands établissements monastiques disposaient de viviers parfois immenses ou d’étangs souvent très artificialisés dont les productions pouvaient intéresser les populations de régions étendues.
En Provence ont été conservés en grand nombre ces équipements ayant bénéficié d’aménagements souvent relativement complexes pour l’alimentation en eau et son renouvellement autant que pour son évacuation et son utilisation dans l’irrigation des cultures.
Le petit château des Glandevès à Castellet-Saint Cassien comportait un très beau bassin-vivier peu à peu rempli, depuis son abandon, par la sédimentation naturelle et envahi par une végétation broussailleuse et arbustive désordonnée. La campagne conduite du 13 au 24 Juin 2022 a permis de désencombrer l’ouvrage et de ramener au jour les installations hydrauliques qui le complètent. À cette occasion, outre un beau mallonage de fond et un intéressant dispositif de vidange, c’est le canal de fuite soigneusement caladé qui a pu être dégagé sur une portion notable de son parcours. Une campagne complémentaire permettra d’achever cette prospection, en préalable à une complète restauration.
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